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Musée national des Arts asiatiques-Guimet

Une divinité khmère du IX ème siècle retrouvée

Une divinité khmère du IX ème siècle retrouve sa tête à l’occasion d’un don exceptionnel

25 Juin 2013
Divinité sans tête
Divinité retrouvée sa tête
Art khmer, style de Preah Ko c. 881 Cambodge,
Temple de Bakong
Grès Hauteur : 142 cm
Le corps : MG 18862 ; envoi de l’École française d’Extrême-Orient, 1936.
La tête : MA 12174 ; don de S.E. John Gunther Dean, 2006.
Crédit photographique : Pierre Baptiste -  musée Guimet

En un temps où les méfaits des pillages des temples du Cambodge sont abondamment relatés par les médias, on se réjouira de ce don qui permet à un chef-d’œuvre de sculpture khmère, connu de longue date, de retrouver une partie de son intégrité.

Une divinité khmère du IX ème siècle retrouve sa tête à l’occasion d’un don exceptionnel, En un temps où les méfaits des pillages des temples du Cambodge sont abondamment relatés par les médias, on se réjouira de ce don qui permet à un chef-d’oeuvre de sculpture khmère, connu de longue date, de retrouver une partie de son intégrité.
A l’occasion de ses quatre-vingts ans, l’ex-ambassadeur des Etats-Unis d’Amérique, S .E . John Gunther Dean, vient d’offrir au musée Guimet une sculpture khmère d’un intérêt considérable.
Ce don est réalisé en remerciement du rappel fait, lors de l’exposition Trésors d’art du Vietnam : la sculpture du Champa (automne 2005), de son rôle dans la protection du musée cham de Da Nang (Vietnam central), lors du conflit américano-vietnamien.

Il s’agit d’une tête de divinité féminine en parfait état de conservation, datable d’un point de vue stylistique du troisième quart du IX ème siècle et se rattachant à l’art khmer du style de Preah Ko. Durant cette période, en effet, les sculpteurs khmers réalisent des oeuvres à la sensibilité particulière, à la fois hautaines et majestueuses, caractérisées par d’amples proportions.
Ainsi en est-il du visage aux traits larges inscrits dans un carré, dont les arcades sourcilières sont traitées en une ligne continue et tranchante.

La coiffure délimitée au niveau des tempes par un contour en accolade et le traitement du diadème (sanscrit: kirita), constitué d'un large bandeau orné de fleurons en losanges et triangles, encadré de simples liserés moulurés, et surmontés par une frise de fleurons et de hampes, sont autant de caractéristiques de cette période.
Dans le dos, cette parure est maintenue serrée contre la chevelure par un noeud croisé à deux pans. La coiffure, très élaborée, est constituée de petites tresses nouées vers le sommet du crâne et réunies en un chignon-couronne (sanscrit : jatâmukuta), d’où émergent les boucles régulièrement disposées. Elles prennent la forme stylisée d'un cylindre.

Cette tête fut d’abord choisie pour des raisons stylistiques, le musée Guimet ne possédant aucune pièce de ce type. Contre toute attente, elle apparaîtra, à son arrivée au musée, comme appartenant à une divinité féminine acéphale entrée dans les collections du musée Guimet en 1936 et exposée depuis 1938 dans la grande salle khmère du rez-de-chaussée Les plans de cassure, parfaitement jointifs, ne laissent planer aucun doute.
Les deux pièces réunies constituent le plus bel exemple, conservé à ce jour, de statuaire féminine du règne d'Indravarman (troisième quart du IXe siècle).

Une Histoire étonnante :

Aux alentours de 881, le roi Indravarman (r. 877-886 au moins) fonde son temple d’État, un temple-montagne consacré à Shiva qui offre l’aspect d’une haute pyramide à gradins placée au centre de la capitale : le temple de Bakong. Au pied de la pyramide, huit sanctuaires recevaient des images anthropomorphes, notamment de Shiva et de ses épouses.

En 1431, après l’abandon du site d’Angkor, la majorité des temples khmers anciens sont abandonnés et livrés à la forêt tropicale. Le temple de Bakong tombe peu à peu en ruine.
Lors des travaux de dégagement et de restauration conduits en 1935 par Maurice Glaize, alors conservateur des monuments d’Angkor à l’École française d’Extrême-Orient (É.F.E.O.), différentes sculptures sont découvertes dans ce temple. Parmi celles-ci, un corps féminin acéphale est retrouvé dans le secteur ouest du sanctuaire. Il fera partie des oeuvres sélectionnées en 1936 par l’historien d’art Philippe Stern, alors conservateur au musée Guimet, pour être présenté à Paris.
En accord avec les autorités coloniales et l’É.F.E.O., un choix représentatif d’oeuvres khmères et cham, destinées au musée Guimet, mais dont le départ ne nuirait pas à la qualité des oeuvres réunies dans les nouveaux musées du Cambodge et du Vietnam avait en effet été établi par Stern. Ces pièces, toutes exposées à Paris, constituent les chefs-d’oeuvre de la collection.

L’année 1939 marque la découverte d’une tête parmi d’autres sculptures, cette fois dans le secteur oriental du temple. Placée en dépôt dans les réserves de la Conservation d’Angkor, elle est offerte à l’ambassadeur des États-Unis d’Amérique au Cambodge, S.E. John Gunther Dean, en 1974, en gage de gratitude pour ses multiples actions humanitaires lors de la guerre civile qui a ravagé le pays à la veille de la période "Khmers rouges".


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